Au rayon des équipements de studio, le bol de beauté occupe une place un peu à part. Ni diffuse ni directionnelle, la lumière qu'il produit est assez singulière et les rendus que l'on obtient sont particuliers. Ayant la chance d'avoir pu faire l'acquisition de cet objet un peu mystérieux, pourquoi ne pas le tester lors d'une courte séance un samedi après-midi ? Et ça tombe très bien, puisque nous avons justement un modèle de toute beauté qui passait par là. Coup de bol, me direz-vous.
Un bol de beauté (ou beauty dish en anglais) ressemble à s'y méprendre à un wok. Même forme, même couleur extérieure, mais usage un rien différent quand même. Celui utilisé pour la séance est de marque Bowens, muni d'une surface intérieure blanche pour un diamètre de 21 pouces. Seul ce bol de beauté et un réflecteur ont été utilisés, devant un fond gris foncé éclairé par un petit flash d'appoint afin de donner une touche de profondeur aux images. Le schéma d'éclairage est donc très facile à mettre en oeuvre, mais les photos ne sont pas pour autant aisées à réussir (pour toutes les photos : ISO 100, 1/125s, f/11).
L'usage le plus classique du bol de beauté est sont utilisation "en haut et de face", c'est-à-dire dans l'axe du nez du modèle avec un angle vertical de l'ordre de 45°, ce qui correspond au fameux éclairage "papillon" (*). Rien n'empêche pour autant d'utiliser le bol de beauté pour éclairer plus latéralement. Afin d'éclaircir les ombres trop profondes et de placer un éclat de lumière dans l'oeil, un réflecteur est placé devant le modèle. En fonction de son pouvoir réfléchissant, les ombres seront plus ou moins débouchées. C'est vous qui voyez. En matière de portrait, pour autant que l'on maîtrise la technique, tout est affaire de goût au final. Sur les photos de cette série, vous pouvez aisément voir où était placé le bol de beauté (qui correspond à la position du reflet supérieur dans l'oeil) et juger de l'effet du réflecteur (qui correspond au reflet inférieur de l'oeil). Si le modèle penche la tête, seul le reflet inférieur reste visible et montre qu'il est important de déboucher les ombres, sous peine de n'avoir aucune lumière tombant sur les yeux et donc aucun éclat dans ceux-ci, ce qui donne le plus souvent un regard de poisson mort à votre modèle.
Le schéma d'éclairage est donc simple à mettre en place, mais par pour autant très commode à utiliser, notamment lorsque le modèle vous fait face et que le bol de beauté doit précisément être placé au-dessus de l'endroit où vous devriez vous trouver pour prendre la photo. C'est là qu'on se dit qu'une girafe permettant de déporter le support de l'éclairage tout en maintenant cet éclairage au-dessus du photographe est un vrai plus (Noël approchant, ceci est bien un message). Mais on peut aussi s'en passer à condition d'accepter un peu moins de confort et de prendre les photos avec l'appareil collé contre le pied sur lequel se trouve le bol (une alternative est donc de se faire offrir un fauteuil pour Nöel en vue des repos "after-shootings", au cas où la girafe n'arriverait pas).
Le bol de beauté étant d'un diamètre assez réduit par rapport aux tailles classiques des boîtes à lumière, cela signifie une moins grande surface éclairante et donc un éclairage moins enveloppant. Cet effet est encore accentué de par la nature même du bol, qui renvoie une lumière bien plus directionnelle. En clair, cela veut dire que les reflets spéculaires seront plus importants. Si la peau de votre modèle n'est pas vraiment mate, autant le savoir. Un bon fond de teint s'impose dans ce cas, à moins que ces reflets ne fassent partie intégrante de votre style, bien entendu. Les zones les plus critiques sont le front, l'arête du nez et, dans une moindre mesure, les pommettes si elles sont marquées. Sur cette série, le modèle était maquillé et certains reflets ont été atténués en post-traitement.
Au final, ce fut un exercice vraiment très instructif que de manier ce bol de beauté sous des angles différents, avec des résultats en termes de rendus qui ne sont pas ceux auxquels on est habitué lorsqu'on manie des boîtes à lumière. La maîtrise de cet éclairage demande un peu de patience et l'on n'en valorise pas tout le potentiel au premier usage. Cela mérite donc que l'on s'y attarde.
Merci à Pauline pour sa patience et sa gentillesse en tant que modèle. Nous aurons encore l'occasion de faire quelques autres séances ensemble, peut-être en extérieur. A vrai dire, les décors urbains commencent à me manquer, même si la mauvaise saison s'annonce tout doucement. Mais rien n'arrête les passionnés et ce sera l'occasion de tester du nouveau matériel. Plus sur ce sujet très prochainement.
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(*) en raison de la forme de l'ombre situés sous le nez, qui ressemble à un papillon. On trouve couramment aussi les noms d'éclairage glamour, Paramount ou Dietrich (du nom de l'actrice, qui exigeait dans le cadre de son contrat avec la firme Paramount que seul cet éclairage soit utilisé pour les cadrages rapprochés).
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