Vie et mort d'un privé

Il y a des personnages de légende dont vous auriez aimé faire la rencontre si vous en aviez eu la possibilité. Et les photographier vous aurait comblé au-delà de toutes vos espérances. Dans le Chicago sombre des années 50, Jack était l'une de ces figures incontournables du milieu des "privés", comme on les appelle familièrement. Ne disposant que de rares images d'archives de médiocre qualité, notre reportage s'est attaché à vous offrir une reconstitution historique qui se veut la plus fidèle possible. Elle est basée sur les quelques pièces que nous avons pu retrouver.

Les plus anciens détectives de Chicago gardent encore le souvenir de Jack. C'était un personnage et une légende parmi la corporation des privés. De mémoire d'homme, personne ne l'avait jamais vu rater une affaire, aussi complexe soit-elle. Personne ne l'avait jamais vu esquisser le moindre sourire non plus. Vêtu de son vieux pardessus noir et de son Stetson, il avait l'apparence du détective tel que nous l'imaginons tous. Presque un cliché. Mais derrière cette conformité vestimentaire se dissimulait un regard perçant et un esprit vif auxquels rien ne pouvait échapper.


Jack n'était pas ce qu'on pouvait appeler un boute-en-train, mais son métier, il le connaissait. Son petit bureau du deuxième étage dans le centre ville ne payait pas vraiment de mine. C'est là qu'il recevait ses clients les plus discrets. Il vous écoutait en prenant note de tout sur sa vieille machine, presque sans vous quitter des yeux. Chez Jack, on payait toujours cash, mais les résultats étaient à la hauteur. Et mieux valait jouer cartes sur table avec lui si vous ne teniez pas à en faire les frais.


Quand le téléphone sonnait pour lui annoncer que son indicateur avait perdu une piste, Jack n'était pas content. Pas content du tout. Et cela s'entendait de fort loin. Car Jack avait très mauvais caractère et ses crises de colère noire n'avaient de pareil que sa réputation. Dans tout Chicago circulait cet adage : Don't fucking mess with Jack, bro ! (*)



La légende raconte qu'on retrouva Jack mort dans son bureau par un matin de printemps, la tête posée sur le clavier de sa vieille Remington (**). Personne ne pu déterminer avec exactitude la raison de son décès. Fut-il victime d'une crise d'apoplexie après s'être énervé au téléphone, comme il était coutumier de le faire ? S'agit-il d'un meurtre déguisé ? Une seule chose est certaine: sur son front était marqué en lettres capitales un message dont aucun de ses collègues ne pu jamais percer le sens : R.T.Y.U.I.O.P. En sa mémoire, ses quelques rares amis firent graver sur sa tombe en guise d'épitaphe de simples initiales, extraites de cette dernière énigme: R.I.P., Jack.

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(*) N.d.l.r. : la rédaction ne souhaite pas traduire ce passage, dont elle laisse la responsabilité à l'auteur.
(**) N.d.l.r. : nous n'avons pas pu retrouver de photographie de cette dernière scène dans nos archives. 

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