Rock the Kasbah

Avoir ses petits projets personnels que l'on peut ressortir du placard pour les faire revivre quand on en a la possibilité, c'est s'offrir le luxe d'un espace d'expérimentation qu'on a toujours sous la main. Et quand cette plaine de jeu correspond à votre lieu d'habitation, c'est bien commode.  Qu'il pleuve, vente ou neige, rien ne pourra vous retenir. Et si vous pensez qu'elle ne vous emmènera pas loin et que vous tournerez vite en rond, vous avez raison au sens propre, mais pas au sens figuré.

Le projet Kasbah, c'est en effet une quête dont le voyage n'est qu'intérieur. Cette fois-ci, dans les deux sens du terme. C'est essayer d'apprendre à voir ce que vous avez déjà vu mille fois. Comme Don Quichotte, c'est vous donner le droit de prendre des moulins à poivre pour des géants, de voir dans la moindre aubergine un château hanté, et de transformer les haricots princesse en reines. La seule limite est votre imagination. Y en a-t-il une autre en photographie, mis à part la technique ?


En regardant ces photos, il y est possible que la première réflexion qui vous vienne à l'esprit soit que "C'est fait avec Photoshop, bien sûr". Pourtant, toutes ces images ont été réalisées à la prise de vue, sans montage et avec un équipement très minimaliste : un zoom standard et un pied. Le reste n'est qu'une affaire de réglages et d'essais. Beaucoup d'essais. Vraiment beaucoup. Oui, il peut y avoir une vie intérieure sans les calques de Photoshop, même si personne ne nie qu'ils vous rendront la vie plus facile. Si leur usage n'est cependant qu'un substitut direct pour un manque de maîtrise et d'imagination à la prise de vue, cette facilité peut très vite tourner à l'oisiveté. D'autres photographes vous produiront les mêmes images en une fraction du temps qu'il m'a fallu pour les obtenir. Ils vous diront que seul le résultat compte. Ils ont parfaitement raison... si l'on se place du point de vue du public. Mais quel est alors l'intérêt personnel pour le photographe dès qu'il fait abstraction de son public ?


Une autre question qui pourrait vous interpeller est de savoir si ceci est bien toujours de la photographie ou s'il s'agit d'autre chose. Assez bizarrement, je me pose la même question à chaque fois que je regarde de telles images pour finir par me rappeler qu'il y avait bien un appareil, qu'il y avait bien un sujet visé par cet appareil et que le résultat tangible de la prise de vue est bien un fichier sur un disque dur. Techniquement parlant, c'est donc toujours de la photographie. Pour ce qui est du résultat, c'est peut-être en effet "autre chose".


Mais est-ce bien important de savoir si ce qui vous fait rêver est une photographie ou cette autre chose non définie? Si votre esprit vagabonde, il ne s'encombre pas de l'hypothétique existence de telles frontières, je pense, et c'est tant mieux. Car quitte à le laisser prendre des vessies pour des lanternes, autant que le voyage qu'il vous fera faire soit éclairant.

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