Mets-toi à leur place

Quand un photographe qui souhaite apprendre à mieux diriger ses modèles prend la décision de devenir lui-même un modèle devant un autre photographe, vous avez les ingrédients pour une séance pleine de variété et un excellent moment passé en bonne compagnie.

Ce fut le cas avec Andrea, rencontré au hasard des communautés de photographes (*). Amateur également intéressé par le studio, nous avons déjà pu réaliser quelques séances ensemble. Lors de l'une d'elles, en vue de mieux comprendre ce qu'un modèle peut ressentir, Andrea a volontairement pris le risque de passer de l'autre côté de l'appareil. Aucune réelle attente en termes de résultats précis à obtenir, mais le souhait de mieux comprendre ce que peuvent ressentir les modèles afin de mieux pouvoir les diriger ensuite. Une démarche intelligente, je trouve, a priori pas si facile que ça à assumer. Poser correctement n'est déjà pas évident pour un modèle, alors pour un photographe...


Comme dans toutes les séances qui se déroulent en parfaite complicité et dans la bonne humeur entre les personnes placées de chacun des deux côtés de la boîte noire, il y a des moments de délire pur et d'autres de grande concentration. Et beaucoup d'essais aussi, qu'ils soient transformés ou ratés. Mais au-delà de la recherche de la bonne image à montrer à tous, l'important est surtout de s'accorder le droit d'essayer. Pourquoi s'en priver d'ailleurs quand on n'a rien à prouver ni même à vendre au terme de l'exercice.



Essayer, c'est changer les poses mais c'est aussi changer les fonds. Certains photographes ne jurent que par les fonds clairs. Pour d'autres, les fonds sombres sont incontournables. Pour être honnête, même si je suis capable de m'en sortir avec des fonds clairs, j'ai une préférence personnelle forte pour les ambiances plus feutrées et une photographie plus intimiste qui – c'est un avis tout personnel – permet aussi de concentrer l'essentiel du portrait sur quelques éléments plutôt que sur l'ensemble de la personne. Aussi bizarre que cela puisse sembler pour le débutant, réussir une bonne photographie en high-key est par ailleurs plus difficile qu'en low-key, pour la même raison: tout est bien visible et tout compte donc dans l'équilibre de global de l'image. Mais en même temps, j'ai du mal à imaginer pour les prises de vue qui suivent un même impact visuel sur un fond clair. Du moins un résultat aussi pictural.


Pour en revenir à Andrea, puisque c'est quand même lui le sujet de cette séance, arriver à se sentir à l'aise derrière l'appareil demande du temps. Et si votre objectif est de faire le portrait d'une personne et non pas d'un modèle, cela demande de la patience. Ce n'est qu'à la fin de la séance que les deux photos suivantes sont arrivées. C'est le portrait d'Andrea en tant que personne, et non pas celui d'Andrea jouant au modèle. Si vous pouvez comprendre cette nuance en regardant l'ensemble des images présentées dans ce billet, alors vous pouvez comprendre ce que la photographie de portrait peut avoir de plus intéressant pour moi: montrer des choses au-delà de ce qui n'est qu'une mise en scène.



Bravo encore à Andrea pour ce résultat, qui nous a satisfait tous les deux. De très nombreuses photos ont été prises ce jour-là et Andrea est reparti avec l'ensemble d'elles afin de pouvoir faire sa propre sélection. Il persévère d'ailleurs encore en tant que modèle et photographe en même temps dans un contexte d'autoportrait. Vous pouvez retrouver le résultat de ce travail sur son site.
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(*) Andrea dispose de son propre site web sur lequel vous pouvez avoir un aperçu de son travail personnel: http://www.inquadrato.net/

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