Photographe, pas cuisinier

Cuisiner, c'est dangereux, raison pour laquelle je m'abstiens le plus souvent. La preuve : il y a quelque temps, une casserole malencontreusement oubliée un soir sur le feu a vu son contenu dépasser la température admissible, rendant d'une part ledit contenu totalement non comestible, mais occasionnant par la même occasion d'importants dégâts au récipient lui-même. Une fumée abondante et des débuts de flammes s'en dégagent. J'arrive juste à temps pour la saisir et la déposer à l'extérieur, dans le jardin. Ouste, la casserole ! On verra ce qu'on pourra encore faire de toi demain.


Le lendemain matin... surprise ! Une fine pluie tombée au cours de la nuit a tapissé le fond d'une mare en son centre et de petite gouttelettes alentours. Le tout se superposant au motif coloré et sauvage laissé par l'accident de la veille, c'est tout simplement surprenant de beauté. Le temps de sortir l'appareil et voilà un bel instant culinaire saisi pour la postérité.


Même si la photo m'a valu un franc succès auprès de mon entourage, une seule chose me chagrine dans le fond : impossible à présent d'inviter l'une de ses personnes sans avoir droit à la traditionnelle plaisanterie: "C'est toi qui cuisines ?". Quant à la casserole, sa vie s'est achevée ce jour-là. Mais elle revivra sous un autre forme. Usée après tant d'années de sévices de ma part, j'ai pensé préférable de lui permettre de se réincarner en quelque chose d'autre, en l'expédiant chez un ferrailleur. Espérons qu'elle ait à présent trouvé son bonheur auprès d'une âme plus charitable.

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