Non, il ne s'agit pas de vous culpabiliser si vous aimez lézarder sur une plage, l'esprit vide et les doigts de pied en éventail. On va juste parler un peu de cet animal bizarre et indomptable qu'est le réflecteur. Difficile à manier et psychorigide, puisque s'obstinant à vous renvoyer une lumière de même couleur et de même intensité. Les plus expérimentés n'apprendront peut-être rien. Pour ma part, j'ai beaucoup appris le jour où, par un temps très ensoleillé, nous avons fait le pari de n'utiliser qu'un simple réflecteur pour toute la séance de prise de vue. Galère galère.
Si l'on demande à quiconque pourquoi un réflecteur est utile en lui montrant ce à quoi il sert, c'est-à-dire à réfléchir la lumière, pas de souci. Si l'on demande pourquoi il est quasiment impossible de s'en passer quand le jour est radieux et que l'on ne dispose que de flashes cobra pour éclairer, ça se complique. Et c'est là que ça devient intéressant. Non, on ne peut pas tout faire avec des flashes. Et c'est précisément pour cette raison qu'un accessoire aussi rudimentaire qu'un réflecteur prend toute son importance.
En plein soleil, si vous ne souhaitez pas diaphragmer très fort (et rendre net de ce fait tout l'arrière-plan), il vous sera impossible d'utiliser des flashes tel quel. La raison est que la vitesse de l'appareil sera bien supérieure au 1/200 ème de seconde. Au delà de cette vitesse limite (qui peut un peu varier d'un appareil à l'autre), il n'y a aucun moment durant lequel les deux rideaux de l'obturateur seront entièrement ouverts devant le capteur lorsque vous déclencherez. Si vous travaillez en lumière continue (que ce soit artificielle ou en lumière du jour), cela n'a aucune importance. Si vous travaillez avec des flashes, c'est rédhibitoire. La durée de l'éclair du flash étant très courte (très largement inférieure au millième de seconde), vous aurez une belle bande noire dans la longueur de la photo. Bravo ! Vous avez pris une photo de l'un des rideaux de votre obturateur (et il est flou en plus, c'est malin).
Une possibilité est de limiter la quantité de lumière qui entre par l'objectif, notamment avec des filtres gris neutres, afin de ne pas avoir à changer le diaphragme. Oui, mais les flashes devront alors être d'autant plus puissants. Là, ne rêvez pas: avec des flashes cobras dont la puissance est modeste, jamais vous ne pourrez obtenir un éclair suffisamment lumineux. Une autre possibilité est de laisser les flashes chez vous et de prendre votre réflecteur sous le bras. Remerciez-moi, vous allez voyager léger. Mais le voyage n'en sera que plus dur. Parce qu'avec un réflecteur, les réglages possibles sont somme toute assez limités et les marges de manœuvre sont plutôt étroites.
Choisissez un réflecteur de qualité correcte. Grand, pas rikiki. Et puis pliable aussi. Et prenez-le si possible avec plusieurs revêtements (*). La combinaison classique est argenté d'un côté et doré (ou zébré or-argent) de l'autre. Mieux encore, le réflecteur multifonctions, avec une ou plusieurs toiles réversibles, qui vous permettra de disposer d'encore plus de choix.
Réflecteur circulaire multifonction pliable
Au niveau des réglages possibles, c'est simple. Vous pouvez contrôler dans une certaine mesure :
- la température de la couleur sur base du revêtement choisi (l'argent donnant une lumière froide et le doré une lumière beaucoup plus chaude, bien entendu). Au plus de choix de revêtements vous aurez, au plus vos possibilités seront grandes en la matière;
- l'angle de la lumière, en tenant plus ou moins haut le réflecteur, notamment. Vous pouvez aussi jouer sur l'angle horizontal, tant que vous arrivez à capter la lumière incidente;
- la puissance de la lumière, dans une certaine mesure, en éloignant plus ou moins loin le réflecteur du sujet.
Ces réglages sont cependant limités par la position du sujet et l'angle d'incidence de la lumière du soleil s'il s'agit d'u jour radieux (donnant une lumière typiquement très directionnelle et donc très dure, vous le savez). Il va donc falloir faire preuve d'un peu de souplesse pour s'adapter aux contraintes de l'endroit.
A la hache, si l'on devait distinguer deux catégories d'usage pour le réflecteur, la première consiste à l'utiliser pour déboucher les ombres marquées et atténuer ainsi le contraste entre les zones éclairées et celles qui ne le sont pas ou moins. C'est ce qui a été fait dans les deux photos qui suivent : le sujet est en plein soleil et le réflecteur renvoie la lumière vers le sujet, en diminuant le contraste sur celui-ci (on voit un bout du réflecteur sur la photo de gauche).
L'autre usage consiste à se servir du réflecteur comme lumière principale, le sujet étant placé à l'abri de la lumière directe tandis que le réflecteur est lui au soleil. C'est l'usage le plus délicat, en raison de la géométrie du problème; votre sujet devra être forcement de dos au soleil si le réflecteur est placé en face de lui. Les deux photos ci-dessous ont été réalisées de cette manière. La première photo montre l'une des configurations qui a été utilisée. Vous remarquerez au passage l'éclairage violent sur le visage du sujet. Le réflecteur peut être très éblouissant pour votre modèle, soyez prudent.
Ce que nous a appris cette sortie, c'est qu'il faut une expérience certaine pour arriver à tirer le maximum d'un réflecteur. Et l'on n'y arrive pas du premier coup non plus. De la patience et de la persévérance sont nécessaires. Mais c'est bien comme ça que l'on apprend le plus: en essayant.
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(*) il existe une très large gamme de réflecteurs, de toutes les tailles et à tous les coûts. Les plus professionnels sont chers et assez encombrants quand ils sont montés sur leur cadre en aluminium (quoique très légers et rigides). Commencez simple, et si ça vous plait investissez ensuite. Mais prenez quelque chose de sérieux quand même, sous peine d'être déçu du résultat et d'avoir gaspillé votre argent.
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