Dans le rayon des outils et moyens mis à disposition de la photographie de studio, il ne faut reculer devant rien, et surtout pas quand ça paraît vraiment complètement dingue. Au contraire: c'est précisément quand ça dérape que l'on s'amuse le plus et que l'on apprend aussi à gérer l'ingérable. Quand on a la chance de récupérer du matériel obsolète et destiné à de toutes autres fins, un bonheur incommensurable vous attend après avoir ouvert toutes grandes les portes de la perception. Au menu du jour: rétroprojecteur et ustensiles de cuisine. Si l'on devait paraphraser Delacroix, cela donnerait quelque chose du genre "Donnez-moi une passoire et j'en ferai une photographie". Non, on a rien fumé d'illégal, je vous rassure.
Projeter des motifs sur un fond est un moyen intéressant pour créer des effets parfois très particuliers et assez uniques. A l'heure où Photoshop règne en maître incontesté de la manipulation des images, pour le meilleur et pour le pire, il est temps d'organiser une résistance d'arrière-garde pour une dernière bataille en bonne et due forme avant la fin d'une guerre que nous avons déjà perdue. L'occasion s'est présentée lorsqu'un vieux rétroprojecteur a pu atterrir un beau jour dans le studio, grâce à la gentillesse de Pascal M. (merci à lui du fond du coeur). Vous savez, il s'agit de ces engins qui servaient à projeter des transparents sur un écran blanc, avant que ceux-ci ne soient remplacés par les projecteurs numériques. Nostalgie, quand tu nous tiens.
Techniquement parlant, le rétroprojecteur émet une lumière continue assez intense (de l'ordre de f/3.6 à ISO 200 et 1/30s) dont la température de couleur s'approche vaguement de l'ampoule tungstène. Il faudra donc gérer à la fois la température de couleur si l'on utilise des flashes en sus, et le temps de pause si l'on souhaite obtenir assez de profondeur de champ. On aura aussi globalement deux options: mettre la personne devant le rétroprojecteur (avec une inévitable ombre portée si la personne est dans le champ du faisceau) ou derrière celui-ci (avec le problème de la distance entre le fond et le modèle, puisque le rétroprojecteur doit être à une distance minimale de 3 mètres pour obtenir un motif projeté qui soit suffisamment grand). Des contraintes à la pelle donc, et par conséquent un tas de défis intéressants à relever.
Techniquement parlant, le rétroprojecteur émet une lumière continue assez intense (de l'ordre de f/3.6 à ISO 200 et 1/30s) dont la température de couleur s'approche vaguement de l'ampoule tungstène. Il faudra donc gérer à la fois la température de couleur si l'on utilise des flashes en sus, et le temps de pause si l'on souhaite obtenir assez de profondeur de champ. On aura aussi globalement deux options: mettre la personne devant le rétroprojecteur (avec une inévitable ombre portée si la personne est dans le champ du faisceau) ou derrière celui-ci (avec le problème de la distance entre le fond et le modèle, puisque le rétroprojecteur doit être à une distance minimale de 3 mètres pour obtenir un motif projeté qui soit suffisamment grand). Des contraintes à la pelle donc, et par conséquent un tas de défis intéressants à relever.
Pour notre premier défi, attaquons les choses avec un simple motif projeté au travers d'une vieille passoire de broyeur à main, dont vous aurez amoureusement vérifié que chacun de ses petits trous ne sont pas encrassés par les restes séchés d'une salade.
Défi 1- La passoire
Puisqu'il s'agit d'un autoportrait, on aura veillé à mettre l'appareil sur pied. La télécommande avec retardateur et l'autofocus font le reste. On se sera positionné près du fond et on aura soigné le dessin fait par le motif grâce à un miroir placé dans l'axe de l'appareil. Puis on ne bouge plus. Vraiment plus du tout. Pour augmenter le contraste des couleurs, ce dangereux individu s'est aussi drapé dans un drap de lit rouge vif (détails techniques: f/8, 1/15 sec, ISO 200).
Le second défi va consister à ajouter la lumière de flashes de reportage tout en veillant à ne pas écraser la lumière projetée. Le motif du fond est donné par un couvercle de Tupperware. Deux flashes nus sont positionnés de part et d'autre du modèle, à ras du fond et avec un éclairage quasi-parallèle à ce même fond. Pour éviter un retour de lumière parasite sur le fond, on placera soigneusement des caches sur les flashes. Seul le modèle placé à 50 cm du fond sera donc éclairé de manière latérale. La proximité du fond permet de récupérer une petite partie de la lumière ricochant sur le modèle, ce qui est à l'origine de l'effet de halo. Tout défaut de symétrie se remarquant ici (notamment sur les triangles de lumière du nez), il faudra se faire aider par une personne extérieure pour se positionner (ou utiliser un modèle, bien entendu, dont vous aurez rasé tous les cheveux auparavant). Et puis ne plus bouger du tout, en raison du temps de pause (détails techniques: f/8, 1/2 sec, ISO 200).
Défi 2 - Le couvercle de tupperware avec 2 flashes
Maintenant que l'on maîtrise un peu la bête, nous allons ajouter un peu de couleur afin de mener à bien le troisième défi. On fait aussi un petit détour par la chambre à coucher pour récupérer le couvercle du panier à linge en osier. Afin de créer un contraste de couleur, on placera ici sur le seul flash nu utilisé une gélatine 1/2 CTB. La lampe du rétroprojecteur délivrant une lumière beaucoup plus orangée, l'écart entre les deux permettra d'assurer une ambiance un peu particulière. Le placement du flash est identique à celui de la photo précédente. Un réflecteur est placé à l'arrière du modèle afin de récupérer un peu de détail dans les ombres. La lumière étant rasante, on veillera à soigner les vêtements qui doivent être sans aucuns plis protubérants (ceux-ci provoqueraient des ombres très marquées). On placera aussi des caches en papier aux bons endroits pour éviter que le modèle ne soit éclairé par le motif (détails techniques: f/5.6, 1/4 sec, ISO 200).
Défi 3 - un flash avec gélatine
La création d'une bonne composition dépend en partie de ce que l'on a sous la main, bien entendu, mais apprendre à composer avec ce que l'on a reste un exercice intéressant. Pour ce quatrième et dernier défi, on a utilisé une cloison de Tupperware. Lorsqu'il est correctement positionné sur le rétroprojecteur, il permet d'avoir les deux yeux du modèle éclairé le long de bandes de lumière perpendiculaires. Après vérification, la marge de tolérance pour la position est de l'ordre de 1/2 cm à l'horizontale et de maximum 1 cm à la verticale. En soi ce n'est pas un problème majeur lorsque la vitesse est suffisante, mais ici c'est critique et de nombreux essais sont nécessaires, la position n'étant pas favorable à l'immobilité parfaite (détails techniques: f/8, 1/4 sec, ISO 200).
Il y eut d'autres photos réalisées et il y en aura encore d'autres bien entendu, mais cet échantillon permet de se faire une idée des possibilités offertes par la technique, moyennant la bonne gestion des contraintes qui y sont associées. Ce bon vieux rétroprojecteur coule à présent des jours heureux au sein de mon foyer, il fait presque partie de la famille à présent, nous l'avons adopté... Enfin, si personne ne s'en empare bien entendu.
Défi 4 - Rester immobile
Il y eut d'autres photos réalisées et il y en aura encore d'autres bien entendu, mais cet échantillon permet de se faire une idée des possibilités offertes par la technique, moyennant la bonne gestion des contraintes qui y sont associées. Ce bon vieux rétroprojecteur coule à présent des jours heureux au sein de mon foyer, il fait presque partie de la famille à présent, nous l'avons adopté... Enfin, si personne ne s'en empare bien entendu.
Finalement c'est pas sorcier
Merci à Marc pour l'assistance à la prise de vue, à Jérémie pour la pause douloureuse qu'il a gérée comme un as, et à nouveau un grand merci à Pascal M. pour le don du rétroprojecteur. Quant à nous, on se retrouve très bientôt ici, si vous le voulez bien.
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