BingBang: L'éclairage du pauvre

Penser que vous aurez à dépenser des fortunes invraisemblables en matériel pour vous lancer en studio est naturel dès le moment où vous avez regardé ce que peuvent être les photos "backstage" d'une séance. C'est parfois impressionnant. Mais ce n'est pas pour autant qu'il n'est pas possible de faire des choses intéressantes avec aussi peu de matériel qu'une petite boîte à lumière et un panneau réflecteur. Et c'est sûrement le meilleur moyen de commencer à apprendre à contrôler la lumière dans des situations faciles, du moins en première apparence. Si vous avez l'âme d'un jeune Padawan oscillant encore entre pénombre et clarté, cherchez votre voie en vous laissant porter par le côté clair-obscur de la force.

Pour réaliser les photographies que vous voyez dans ce billet, une boîte à lumière de taille 100 x 70 a été placée à un mètre de nos jeunes modèles, presque de face par rapport à l'axe du nez. La boîte est légèrement tournée vers le haut et située un rien plus bas, de manière à simuler l'apparence d'une lumière qui proviendrait d'une source unique telle qu'un abat-jour. La taille de la boîte étant un peu trop grande que pour n'éclairer principalement que le visage, sa dimension apparente a été réduite grâce à des bandes de tissu noir placées dans sa largeur, afin d'approcher une surface éclairante dont la taille est à présent de 60 x 70 cm. A même distance, au plus cette surface éclairante sera petite, au plus la transition entre les zones d'ombres et de lumière sera franche, jusqu'à en devenir brutale lorsque l'on se rapproche d'une source de lumière devenant presque ponctuelle. A vous de voir l'effet qui vous convient. S'agissant ici d'enfants, conserver une certaine douceur peut sembler approprié.  

La conséquence d'une source unique sera par ailleurs la création de zones d'ombres très profondes derrière le modèle, jusqu'à en devenir bouchées à l'excès. C'est là qu'intervient l'usage du panneau réflecteur blanc. Placé derrière le modèle, à l'opposé ici de la boîte à lumière, il renverra juste ce qu'il faut de lumière pour que l'on garde un minimum de détail dans les ombres. C'est essentiellement la distance à laquelle vous placerez ce panneau qui déterminera l'importance de ce débouchage. En supposant que votre boîte à lumière est à un mètre face à votre sujet et que votre panneau est situé à l'opposé et à un mètre derrière votre modèle, vous ne pourrez au mieux qu'obtenir un rapport d'éclairage de 9:1 entre l'avant du visage et l'arrière de la tête en admettant que le panneau soit aussi réfléchissant qu'un miroir, ce qui est très loin d'être le cas (*). Mais rien ne vous oblige à déboucher les ombres juste par principe s'il n'y a pas nécessité. C'est le sujet qui dictera vos choix.

En utilisant cette disposition qui est aisée à mettre en place, on peut créer des portraits de grand caractère, comme le montre cette photographie d'un ami que vous aurez peut-être reconnu si vous avez lu les quelques billets précédents. Pourquoi donc vous priver d'essayer de telles choses compte tenu du peu de moyens à mettre en oeuvre ? Il n'est même pas nécessaire de disposer de flashes de studio si vous êtes un peu bricoleur: un simple flash de reportage placé dans une boîte en carton transformée en boîte à lumière peut faire l'affaire. Ce qui fera la différence est d'abord la compréhension que vous avez de la lumière avant que cela ne soit l'équipement dont vous disposez.Vous ne pourrez pas tout faire à partir de rien, bien sûr, mais il est déjà possible de réaliser de très belles choses avec trois fois rien. C'est une très bonne nouvelle, non ?

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(*) Le calcul d'un rapport d'éclairage et les implications de la loi en carré inverse mériteraient à eux seuls un billet tout entier. On remarquera simplement ici que la lumière parcourt un mètre pour atteindre le visage, tandis qu'elle parcourt 3 mètres au total avant d'atteindre l'arrière de la tête. Sachant que la lumière chute avec le carré de la distance, cela donne un rapport d'éclairage qui est de (3/1)^2 = 9, soit plus de 3 diaphragmes d'écart, en supposant que toute la lumière reçue soit renvoyée par le panneau. Placer le panneau à 50 cm ramènerait la distance à deux mètres, soit un rapport de (2/1)^2 = 4 correspondant à deux diaphragmes d'écart.